Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/89

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Ferait vains les tourments de tes Persécutés !
Ecoutez Athanase, ô déserts ! ô cités !
Verbe éternel, salut ! Fils de Dieu, Dieu toi-même,
O Consubstantiel, salut ! Sauveur suprême,
Prédit, vêtu de chair, mort et ressuscité,
Foi des siècles, Espoir des temps, Gloire et Clarté,
Salut ! Par la rosée empourprant nos cilices,
Par nos affronts, nos maux, nos douleurs, nos supplices,
Nous jurons que le Christ,― fait homme, s’est offert
Et que c’est pour un Dieu que nous avons souffert ! —

Et la clameur montait plus confuse et la foule
Impitoyable, ainsi qu’une écumante houle
Assiège un naufragé sur un étroit écueil,
Menaçait Arius reculant jusqu’au seuil :
— Anathème ! vengeance ! à mort l’hérésiarque !
Arrière, émasculés que Dieu réprouve et marque !
Anathème ! Justice ! Exil ! A mort ! à mort ! —

Le Labarum, haussé soudain, palpite et tord
Sa pourpre inviolable au-dessus des mêlées.
Les gardes, abaissant leurs lances effilées,
Du grand trône assailli dégagent les degrés.
Et les Pères domptés, éblouis, effarés,
Ont vu, tel qu’au milieu des batailles épiques,
Constantin se dresser en un cercle de piques.

Et, comme du Ciel même où l’Esprit parlerait,
Tomba dans l’air vibrant l’irrémissible arrêt :