Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/94

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Faites fleurir encor dans mon cœur enfin sage
L’espoir noble et pieux d’un avenir divin ;
Et que vos blancs oiseaux m’apportent le présage
Que mon rêve, splendide et court, ne fut pas vain !

Et vous, que le regret, à cette heure sublime,
Incline sur la couche où m’attend le trépas,
Amis des anciens jours, Priscus, et toi, Maxime,
Que m’importe la mort si vous ne pleurez pas ?

La Moire fut propice et son arrêt fut juste,
Si, prêtre et philosophe, ô très-chers ! vous vivez
Pour témoigner aux temps comment meurt un Auguste.
Confiant sa mémoire aux Dieux qu’il a sauvés.

Empereur, je descends du temple de la vie,
Comme un pontife saint des marches de l’autel.
Du sacrifice offert la flamme est assouvie ;
La mort libératrice est la porte du ciel.

Ainsi qu’un voyageur du haut d’un promontoire
Promène un long regard sur l’océan lointain,
Tel, je contemple, au fond de l’ombre évocatoire,
La mer trouble des jours où vogua mon destin.

Je vois ma vie errante au gré des vents contraires
Sur des flots irrités, rouges du sang des miens.
Je vois luire et trembler dans le cœur de mes frères
Le glaive de Constance et les poignards chrétiens.