Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/96

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Mais voici que pâlit leur étoile éphémère,
Et vous n’entendrez plus leurs sophistes obscurs
Aux vers religieux d’Hésiode et d’Homère
Mêler l’erreur profane et des versets impurs.

Ai-je accompli ma tâche et satisfait mon zèle ?
Je ne sais. Le Destin tranche trop tôt mon fil.
Qu’importe ? Voici l’heure où la clarté ruisselle ;
L’Astre parfait en moi verse son feu subtil.

Le songe du passé s’efface en ma mémoire ;
J’ai prié, médité, souffert et combattu.
Si l’effort est entier, qu’importe la victoire ?
Je meurs enseveli dans ma propre vertu.

Je sais, amis, je sais que mon œuvre peut-être
Suivra mon nom proscrit dans les siècles pervers
Et que mes Dieux fuiront, maudits avec leur prêtre,
Le sol épouvanté du barbare univers ;

Mais que toujours vivants, dans leur noblesse unique,
Toujours jeunes et beaux, toujours chers aux grands cœurs.
Les Esprits immortels, fils de l’âme hellénique,
Dans l’azur idéal joindront encor leurs chœurs.

Je sais que, lasse enfin de funèbres exemples
Et du Galiléen qui déçut son espoir,
L’humanité pieuse à l’ombre de leurs temples,
Comme une épouse en deuil, retournera s’asseoir.