Page:Guesde - En Garde !, 1911.djvu/187

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Jamais il n’y a eu autant de guerres — et de si terribles — que depuis qu’ils se sont mis en tête de supprimer la guerre. Jamais l’Europe n’a été, par ses formidables armements, plus éloignée de la paix que depuis qu’ils s’efforcent de faire sortir cette paix des parlottes internationales organisées dans toutes les villes de Suisse.

Et, comme si de rien n’était, au risque de faire rire d’eux jusqu’aux ours de Berne, les voilà qui recommencent à moudre sur l’orgue de Barbarie d’un nouveau Congrès leurs refrains pacifiques.

C’est un véritable cas, qui relève de Charcot.

Folie douce, si l’on veut, qui n’exige pas l’emploi de la camisole de force, mais agaçante au suprême degré pour ceux qui sont exposés à coudoyer, ne serait-ce que dans les colonnes des journaux, de pareils maniaques.

Ce n’est pas après le Congrès de Bruxelles et son inoubliable déclaration au sujet du militarisme qu’il est permis d’ignorer que la guerre n’est qu’une des formes et un des effets de l’antagonisme des intérêts sur lequel est basée la société capitaliste et ne saurait disparaître qu’avec cette dernière.

Je ne dis même pas parler, mais rêver de paix internationale, alors que la guerre est partout, sévissant, dans l’ordre économique, non seulement entre les classes mais dans le sein même de ces classes, entre les membres qui les composent, autant placer ses espérances de roses sur des orties.