Page:Guettée - La Papauté moderne condamnée par le pape Grégoire le Grand.djvu/22

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et sagesse, que personne ne peut gouverner avec justice les choses de la terre, s’il ne sait pas traiter les choses de Dieu, et que la paix de la république dépend de la paix de l’Église universelle. Quelle puissance humaine, sérénissime seigneur, quelle force temporelle oserait élever les mains contre votre trône très chrétien, si les prêtres, comme c’est leur devoir, s’unissaient pour adresser au Rédempteur, en commun, leurs prières et leurs bonnes œuvres ? L’épée des nations féroces immolerait-elle cruellement tant de fidèles si notre vie, à nous qui sommes prêtres de nom, mais qui ne le sommes pas en réalité, n’était viciée par tant d’œuvres mauvaises ? En laissant de côté nos devoirs pour nous occuper de ce qui ne nous convient pas, nous unissons nos péchés aux forces des barbares ; nos fautes aiguisent l’épée des ennemis, et entravent les forces de la république. Que dirons-nous, nous qui chargeons du poids de nos péchés le peuple de Dieu que nous dirigeons indignement ? Nous qui détruisons par nos exemples ce que nous enseignons de bouche ? Nous qui enseignons l’iniquité par nos œuvres, et qui ne prêchons la justice que de bouche ? Nos os sont brisés par les jeûnes, et notre esprit est gonflé d’orgueil. Notre corps est couvert de pauvres vêtements, et, par son enflure, notre cœur surpasse l’éclat de la pourpre. Nous nous couchons sur la cendre, et nous méprisons les choses les plus élevées. Nous enseignons l’humilité, et nous donnons l’exemple de l’orgueil ; nous cachons des dents de loup sous un masque de brebis. Qu’en résulte-t-il ? C’est qu’en faisant illusion aux hommes, nous n’en sommes pas moins connus de Dieu. Notre très pieux seigneur agit donc sagement, en cherchant à procurer la paix de l’Église pour arriver à pacifier son empire, en daignant engager les prêtres à la concorde et à l’union. Je la désire ardemment, et, autant qu’il est en moi, j’obéis à ses ordres sérénissimes. Mais comme il ne s’agit pas de ma cause, mais de celle de Dieu ; comme ce n’est pas moi seul qui suis troublé, mais que toute l’Église est agitée ; comme les canons, les vénérables conciles et les commandements de