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VII



« Grégoire à Euloge, évêque d’Alexandrie, et à Anastase, évêque d’Antioche.


» Lorsque le Prédicateur par excellence disait : « Tout le temps que je serai l’Apôtre des nations, j’honorerai mon ministère[1] ; » lorsqu’il disait ailleurs : « Nous sommes devenus comme des enfants au milieu de vous[2] ; » il nous donnait, à nous qui sommes venus après lui, l’exemple d’être en même temps humbles en esprit et fidèles à conserver en honneur la dignité de notre Ordre, de manière que notre humilité ne soit pas de la timidité, que notre élévation ne soit pas de l’orgueil.

» Il y a huit ans, lorsque vivait encore notre prédécesseur Pelage, de sainte mémoire, notre confrère et coévêque Jean, prenant occasion d’une autre affaire, assembla un synode dans la ville de Constantinople, et s’efforça de prendre le titre d’universel ; dès que mon prédécesseur en eut connaissance, il envoya des lettres par lesquelles, en vertu de l’autorité de l’apôtre saint Pierre, il cassa les actes de ce synode. »

Les ultramontains ont étrangement abusé de ce passage en faveur de leur système. S’ils l’avaient comparé aux autres textes de saint Grégoire qui ont trait au même sujet, et à l’ensemble de sa doctrine, ils se seraient convaincus de deux choses : 1° que saint Grégoire n’entendait ici que la primauté accordée à l’évêque de Rome par les conciles, à cause de la dignité de son siége, illustré par le martyre de saint Pierre, premier des apôtres ; 2° qu’il ne s’agissait, dans le synode

  1. Épître de saint Paul aux Romains, xi. 13.
  2. Ire Épître de saint Paul aux Thessaloniciens, ii, 7.