Page:Guiard - Virgile et Victor Hugo, 1910.djvu/104

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CHAPITRE IV

Influence de Virgile sur la Satire et la Religion de Hugo. Sommaire: Virgile et la guerre civile. — Un rers de Virgile qui inspire une scène à Hugo. — Les souvenirs virgiliens dans les fureurs des Châtiments. — Les Géorgiques et les Contemplations. — L'effort et la volupté dans le sentimetit de la nature. — La Théologie de la Bouche d'Ombre et le Platonisme d'Anchise. — Le sens de la religion païenne dans le poème de Dieu. C'est avec une éloquence poignante que le vieil Anchise en qui bat le cœur de Virgile supplie sa race, au VP livre de V Enéide, de jeter loin d'elle ses javelots fratricides : Tuque prior, tu parce, genus qui ducis Olympo ; Projice tela manu, sanguis meus ! (1) Victor Hugo sans entendre ce cri de son maître inaugure cette nouvelle période de sa vie par un pamphlet. Irrité il compose Napoléon le Petit pour flétrir le coup d'Etat, et le fiel de sa fureur bouillonne dans son cœur au point de troubler ses souvenirs. Il écrit : « Ce qui était vrai de Rome est vrai de la Francs. Si forte uiriim quem cons- pexere, dit Horace, silent (2). » S'aperçut-il de son erreur ? Resta-t-il dans le doute ? Toujours est-il qu'il supprima toute indication d'auteur dans le texte définitif. Il n'essaiera pas de jouer ce rôle de l'homme pacifiant les esprits. Un serment a été violé, la France est livrée à un parjure, c'est une honte, un crime dont il faut écrire l'histoire et flétrir le succès. Tout devient une arme en ses mains, « furor (!) Enéide, liv. VI, v. 834. (2) Napoléon le Petit. Edit. de l'Imprimerie nat., Reliquat, p. 210. — Edit. définitive (Quantin-Hetzel), p. 142. — Enéide, liv. I, v. 151-