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l’assaut ! Celui qui me prendra Guillaume sera gonfalonier de mon royaume et mon trésor sera mis à sa disposition. À cette promesse l’attaque recommença de toutes parts, et d’une manière si furieuse que Guillaume sentit son courage faillir. S’adressant à son neveu :

— Guibelin, fit-il, pourquoi n’allons-nous pas au devant d’eux ? Nous ne retournerons jamais en France ; et à moins que Dieu n’en décide autrement, nous ne reverrons jamais nos cousins et nos parents.

— Vous vous moquez de nous, mon oncle, lui répondit le gentil Guibelin. C’est l’amour qui vous a conduit ici. Eh bien ! voilà Orable, la reine africaine, qui surpasse toutes les belles en beauté : allez vous asseoir à côté d’elle sur ce banc, entourez-la de vos deux bras et hâtez-vous de l’embrasser ; car par l’apôtre saint Jacques ! nous n’aurons de baiser qui ne nous coûte plus de vingt mille marcs d’argent, et qui ne porte malheur à tous nos parents !

— Ah Dieu ! répondit Guillaume, tu me rendras fou par ton amère ironie.




IV.


L’assaut de Gloriette.


Quand la reine vit l’attaque furieuse des Sarrasins, elle appela à elle les chevaliers français et leur dit :

— Barons français, il vaut mieux vous rendre ; car ces méchants païens sont si furieux, que vous les verrez bientôt monter ici, et alors votre mort est certaine.