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II.


Déroute.


Cependant les Sarrasins font retentir la mer du bruit de leurs fanfares ; il n’y a homme qui vive qui eût pu dire qu’il n’était pas plein d’effroi en les voyant débarquer.

Vivian ranima les siens en leur disant :

— Barons, ne perdez pas courage ! Dieu vous a appelés à sa défense. Heureux celui qui meurt aujourd’hui ! il ira droit au ciel. En avant, avant que les païens aient formé leurs rangs.

À ces paroles ils enfoncèrent les éperons dans les flancs des chevaux. Desramé, voyant leur troupe s’ébranler, crut qu’ils se mettaient à fuir, et en était enchanté. Mais Maloré lui cria :

— Vous vous trompez sur leur compte. Par Mahomet ! vous vous en apercevrez bientôt. Ce chevalier est fier et redoutable, il ne fuira pas.

Vivian galopant au premier rang, cria :

— Monjoie ! Païens, arrière !

Il se jette au milieu des Turcs et en embroche deux à sa lance. Il en renverse dix à terre et en blesse trois autres avant que la lance soit brisée. Alors il tire son épée qu’il plonge à sept reprises dans le corps d’autant d’ennemis, en criant :

— Monjoie ! alerte chevaliers ! Vendez-vous chèrement et ne craignez rien.

L’attaque fut si énergique que les Sarrasins furent refoulés, et la bataille eût été perdue, s’il ne leur était venu du renfort. Desramé, le géant Haucebier et tous les rois païens venaient de débarquer avec dix mille hommes. Ils rejetèrent les Français en arrière, deux fois l’espace d’un trait d’arbalête.