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— Ami, répondit Guillaume, hâtez-vous donc. Dites au roi, et ne lui cachez pas, que je viens ici pauvre et délaissé. Je verrai bien aujourd’hui s’il est mon ami. Qu’il vienne à ma rencontre avec sa noble suite, et je saurai qu’il m’aime. C’est dans le besoin qu’on éprouve un ami : si alors il vous fait défaut, il ne faut plus s’y fier.

— Monseigneur, répondit Sanson, j’obéirai à vos ordres. Sur l’honneur, je lui dirai tout, et si j’ai quelque crédit, le roi fera ce que vous désirez.

Il retourne au palais et dit au roi :

— Sire, vous ne savez pas ce qui vous arrive ; c’est Guillaume d’Orange, le marquis redouté. Il attend que vous veniez à sa rencontre.

Louis laissa tomber sa tête sur sa poitrine et se recueillit. Puis il dit à Sanson :

— Venez vous asseoir, je ne le regarderai même pas. Que les diables l’emportent ! Il nous a déjà bien causé assez de peine et de perte. Ce n’est pas un homme, mais un vrai démon. Malédiction sur quiconque se réjouit de son arrivée !

Le roi reprit sa place et demeura pensif et courroucé.




VII.


Pauvre accueil


Cependant maints damoiseaux et beaucoup de chevaliers descendent pour regarder le nouveau venu, et parmi eux plusieurs qui avaient jadis reçu du comte de belles robes aux fourrures de martre ou d’hermine, des hauberts, des