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Page:Guillaume d’Orange, le marquis au court nez (trad. Jonckbloet).djvu/308

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fait tourner trois fois sur lui-même et le lâche au quatrième tour. La tête du malheureux va frapper contre un pilier avec tant de force, que les yeux lui volent de la tête et que la cervelle jaillit sur le parquet.

Les écuyers en fureur se ruent sur lui, au nombre de plus de cinquante ; ils veulent le tuer à coups de bâton. Mais Aymeric les arrête en jurant par saint Nicolas, qu’il tuerait le premier qui oserait le toucher.

Et le roi cria à ses serviteurs :

— Or sus, chassez-moi cet enragé hors d’ici.

Renouard, qui craignait le roi, se sauve, hué par les Français. Il s’enferme dans la cuisine, et saisissant la perche avec laquelle il portait les sceaux d’eau, il jure par la Sainte Vierge qu’il en ferait sauter le crâne au premier qui oserait le suivre.

Mais ils n’eurent pas ce courage.

Le comte Guillaume demanda au roi :

— Quel est ce bachelier, Sire, qui vient de se battre avec vos écuyers et qui a fracassé la tête à l’un d’eux en le jetant contre ce pilier ? Par saint Denis ! c’est un garçon redoutable.

— Je l’ai acheté sur les bords de la mer, et je l’ai payé cent marcs d’argent. On me dit qu’il est d’origine arabe ; il paraît même qu’il est de haute naissance. Je lui ai souvent demandé qui était son père, mais il n’a jamais voulu me le nommer.

Je ne sais pourquoi, mais je ne l’ai jamais aimé, parce qu’il est si démesurément grand ; voilà pourquoi je l’ai relégué à la cuisine où il a vécu sept ans. Il m’a souvent prié de le faire baptiser, mais je le lui ai refusé. Il mange comme dix portefaix ; mais aussi il surpasse tout le monde en force. Avec cela il est irrascible et cruel, et je crains qu’un jour il ne me tue.

Guillaume sourit et dit au roi :

— Louis, Sire, je fais un appel à votre générosité : don-