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nez-le-moi ; je l’emmènerai dans ma terre, et je vous jure que je ne le laisserai pas mourir de faim.

— Comme vous voudrez, dit le roi. Je vous le donne comme un gage de mon amitié.

Le comte Guillaume lui en fut fort reconnaissant.




II.


Renouard.


Cependant Renouard entendit retentir les trompettes sous les murs de Laon, et en la salle il entendit les cris joyeux des chevaliers, qui, tout en jouant, parlaient entr’eux de la campagne future ; et à tout moment il entendit prononcer le nom de Guillaume comme celui qui devait conduire l’armée de France en l’Archant. Il se mit à pleurer en se disant :

— Hélas ! j’ai bien le droit de pleurer. Moi aussi je devais être à la tête d’une armée de cent mille hommes, et porter la couronne d’Espagne, et me voilà relégué dans la cuisine et condamné à faire le feu et à écumer les pots. Jamais fils de roi n’a été si avili. Mais par mon chef ! le temps viendra où je me vengerai du roi Louis ; je le chasserai hors de France et je lui ôterai sa couronne.

Il s’assit dans un coin en rongeant son frein. Puis, lorsqu’il entendit que l’armée allait se mettre en mouvement, il courut, à moitié nu comme il était, se prosterner devant le comte Guillaume, et lui dit :

— Monseigneur Guillaume, noble et vaillant chevalier, pour