du jour. J’emmènerai avec moi mille braves chevaliers armés.
— Eh bien ! j’irai avec vous, père. Mais emportez avec vous tant d’or qu’on ne nous tienne pas à la cour pour des hommes de rien.
— Soyez sans crainte, répondit Aymeric.
Alors le comte Guillaume prenant à part son frère aîné Bernard et sa mère, leur dit :
— Remarquez bien que notre père ne nous avait jamais parlé de ses rapports avec Charlemagne. Je le suivrai à la cour de l’empereur, et dès qu’il m’aura armé chevalier, j’irai en Espagne pour faire la guerre aux païens. Je frapperai tant de coups de mon épée, qu’elle sera ensanglantée jusqu’à la poignée. Et quand je me serai rendu maître de toute l’Espagne, j’en donnerai tant à chacun de mes frères qu’ils auront plus que mon père, le comte Aymeric, n’a jamais possédé.
— Mon fils, répondit la mère, j’en serais bien heureuse.
On passa encore cette nuit à Narbonne. Le lendemain à l’aube, Aymeric, le messager de l’empereur et ses fils montèrent à cheval. On chargea sur des sommiers des malles pleines d’or, de draps de soie et de lampas et de belles peaux de martre. Guillaume à la blanche face, lui aussi, monta à cheval. Dame Hermengard embrassa sa jambe et lui donna un baiser sur les deux joues.
— Tu pars, mon fils, lui dit-elle, que Jésus t’ait en sa garde et que Dieu te fasse accomplir de grandes choses. Moi je reste seule et sans défense, et les Sarrasins ne sont pas loin d’ici.
— Ne craignez rien, fit Guillaume ; car par l’Apôtre qu’on implore à Rome, si vous êtes attaquée, faites-le-moi savoir par lettre ou par un homme sûr, et je viendrai à votre secours malgré tout le monde.
— Mon fils, reprit-elle, que le glorieux Jésus t’ait en sa garde. Voici une amulette que je tiens de mon frère