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Bauduc qui était un homme de grand sens, dit à son compagnon :

— Seigneur Renouard, je veux être baptisé, moi et tous ceux que j’amène ; nous croyons, je vous jure, au vrai Dieu. C’est la vérité, car je me ferais plutôt couper tous les membres que de vous mentir.

— J’en remercie Dieu, fit Renouard. Et aussitôt il fit apprêter les fonds baptismaux. L’archevêque Fouché les bénit et Bauduc et les siens reçurent le baptême.

On en fit grande joie au palais, parce que la force des chrétiens est accrue d’un prince qui aidera à défendre la frontière contre l’orgueilleux Desramé.

Mais laissons là le guerrier Bauduc et parlons du fier Renouard.

Le comte Guillaume, qui l’affectionne beaucoup, veut lui donner en mariage Aalis, sa belle nièce, la fille du roi.

Il ne pourrait mieux la marier qu’à Renouard, qui, Dieu aidant, va se rendre maître de l’Espagne, d’où il chassera Desramé et les païens ; ainsi elle deviendra reine.

Pendant que dans Orange tous, grands et petits, étaient pleins d’alégresse, tant à cause de Renouard et du vaillant comte Guillaume que du hardi Bauduc, le comte Guillaume, s’adressant à ses compagnons, appela Hernaut et Bernard de Brebant, et leur dit :

— Barons, entendez ce que je vais vous dire. Il me semble convenable que demain, avant le jour, vous partiez pour la France et alliez tout droit au roi. Vous lui direz que je le prie de m’envoyer sans retard sa fille, ma belle nièce ; je veux la marier au vaillant Renouard, le meilleur chevalier vivant au monde entier. Elle règnera sur un grand royaume ; elle portera la couronne d’or de toute l’Espagne. Dites-lui que celui que je lui destine est preux au-dessus de tous ; que c’est par lui que nous avons vaincu en Aleschant et chassé Desramé ; il n’a tenu qu’à Renouard d’ôter la vie au roi païen. Quant aux autres Turcs, nous en avons fait un