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grand carnage ; la plupart sont restés sur le champ de bataille. Quand le roi entendra cette nouvelle, il sera bien content ; hâtez-vous d’aller la lui annoncer.

Ils promirent d’obéir et allèrent se reposer jusqu’au matin. À l’aube ils firent lever leurs gens et seller les chevaux. Ils prirent avec eux leurs armes, de crainte des Sarrasins ; et cela n’est pas étonnant, car dans maint combat ils les avaient souvent menés durement et leur avaient tué leurs amis. Ils n’avaient qu’à se souvenir de Vivian qui périt en Aleschant-sur-mer.

Lorsque les comtes montèrent à cheval, le marquis Guillaume les pria encore de se hâter et de mener leur besogne à bonne fin.

— Monseigneur, répondirent-ils, n’en doutez pas ; si Dieu le permet, vous nous verrez de retour dans un bref délai.

Ils partent et font grande diligence. Ils chevauchèrent quatre jours avant de rencontrer le roi Louis, qui était allé s’établir à Paris avec la reine et sa fille au frais visage.

Les messagers allèrent tout droit au palais seigneurial. Lorsque Louis, regardant du haut du château, eut reconnu les comtes qu’il aimait beaucoup, il courut tout joyeux les embrasser. Il leur demanda des nouvelles de l’armée, et les chances qu’ils avaient courues en Aleschant-sur-mer ?

— Sire, répondirent-ils, daignez nous écouter et nous vous dirons fidèlement la vérité, sans rien altérer. Nous avons livré une bataille formidable ; mais les Sarrasins n’ont pu tenir contre nous ; nous en avons tué beaucoup et Desramé s’est enfui par mer. Sarrasins et Esclavons sont déconfits à tout jamais, vous ne les verrez plus revenir ; Renouard, le plus vaillant homme dont on ait jamais entendu parler, les a mis en déroute ; il en a tant tué avec sa grande massue ferrée qu’on n’en peut dire le nombre. Sans lui, il faut bien l’avouer, nous étions tous morts, sans pouvoir en réchapper.