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qui depuis longtemps la désirait, lui montra toute la joie que lui causait son arrivée.

Toute la journée se passa en réjouissances ; après le souper on alla se coucher.

Le lendemain, à l’aube, les barons habillèrent richement Renouard et le conduisirent à l’église ; la belle Aalis y fut portée par deux serviteurs, et ils furent mariés.

Les jongleurs de toute la contrée y vinrent ; on leur avait fait savoir que le comte devait marier Renouard et qu’à cette occasion il se ferait beaucoup de largesses. Il n’y eut pas mal de réjouissances : quand ils furent assemblés, toute la journée ils jouèrent de maint instrument, et maint sonnet y fut chanté avec accompagnement de la vielle.

Le festin qui fut donné au palais seigneurial fut magnifique ; on y servit tant de mets qu’il est impossible d’en faire le dénombrement. Quand on eut mangé et bu à souhait, les jongleurs furent payés largement ; le comte Guillaume leur donna beaucoup d’or et d’argent. Ils furent tous contents, et l’ayant remercié, ils prirent congé et s’en allèrent.

Lorsque Renouard eut épousé la noble Aalis, la fille du roi, le comte lui donna Tortolose et Porpaillart. Le dernier de ces endroits est un fameux port de mer, où bien souvent arrivent des vaisseaux apportant les richesses de tous les coins du monde. Cette partie du royaume sera bien défendue contre les Sarrasins.

Il y avait beaucoup de guerriers dans Orange ; voilà pourquoi Aymeric appela ses enfants et leur dit :

— Seigneurs mes fils, entendez ce que je vais vous dire. Grâce à Dieu qui fut torturé sur la croix, nous avons vaincu les Sarrasins et les Esclavons ; le sort de la bataille a été décidé par Renouard ; Desramé a pris la fuite avec une mince partie de ses gens, puisque la plupart ont été tués. Guillaume peut vivre en toute sécurité, d’autant