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À cette nouvelle le roi se mit à louer Dieu.

— Beau sire roi, continuèrent les messagers, Guillaume au fier courage, et la noble dame Guibor au blanc visage, ainsi qu’Aymeric de Narbonne et tous ses fils, que Dieu les protége ! vous envoyent leur salut ; et le comte vous mande de lui envoyer votre belle et sage fille. Il lui a trouvé un riche mariage ; elle aura un époux de si haut parage que jamais demoiselle n’en eut tel ; c’est Renouard, le plus brave baron de l’armée, qui sera roi d’Espagne et qui tuera l’émir Thibaut, si Dieu lui prête vie.

— Je n’y manquerai pas, dit le roi. Et il ordonna qu’on fit habiller sa fille des vêtements les plus riches, comme il convenait à une fiancée royale.

Après souper on alla se coucher, et les braves comtes dormirent jusqu’au point du jour. Quand le soleil commença à rayonner, ils se levèrent et montèrent à cheval pour se remettre en route, car ils ne voulaient pas tarder.

Quand les messagers se trouvèrent équipés et tout prêts au pied du perron du château, le roi appela Aalis. Il la leur livra de bonne grâce. Et la reine, d’accord avec son époux, embrassa sa fille en pleurant ; — elle ne la vit plus jamais de sa vie.

Les messagers demandèrent la permission de partir, que le roi leur accorda de bonne grâce. Ils se mirent en route après l’avoir recommandé en la protection de Dieu. Ils marchèrent à grandes journées jusqu’à ce qu’ils arrivèrent à Orange. Quand ils entrèrent dans la ville une grande foule les entoura.

Arrivés au perron, ils descendirent de cheval sous l’olivier touffu, et toute la cour alla à leur rencontre. Le comte Guillaume descendit sa nièce de son palefroi et la pressa contre son cœur. Ils montèrent au palais princier, dame Guibor tenant Aalis par un pan de son bliaut broché d’or.

Toutes les dames lui firent bon accueil, et Renouard,