Page:Guillaumin - La Vie d’un simple, 1904.djvu/121

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C’est pour t’apprendre à venir rôder où tu n’as pas affaire, gamin !…

En toute autre circonstance, je ne me serais certainement pas laissé rosser sans rien dire. Mais je fus tellement surpris que je n’eus pas l’idée de me défendre. Sans demander mon reste, je détalai comme un lièvre, poursuivi jusqu’au bout du taillis par les quolibets des deux autres.

Et je jurai, mais trop tard, qu’on ne me reprendrait plus auprès des jupes de la grosse Hélène.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mes équipées amoureuses de jeunesse se réduisent à peu de chose, comme on voit, et je n’ai pas le droit d’en être bien fier. Mais ça ne m’a pas empêché de faire le malin plus tard, comme tous les autres, de parler d’un air entendu de mes bons tours de l’époque où j’étais garçon, de dire même :

― Les femmes ne me manquaient pas, grand Dieu ! Je n’avais que l’embarras du choix !

À la vérité, ce fut mon épouse légitime qui eut les prémices de ma virilité…


XVII


Au printemps suivant, je m’en fus, pour la fête de Meillers, voir mon camarade de communion, Boulois, du Parizet. Son jeune frère étant mort, il restait fils unique, et il était fier de sa belle situation, car ses parents avaient quelques avances. Tout en causant, comme j’en étais venu à parler du père Giraud, le garde, il me demanda en souriant finement s’il n’avait