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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/101

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l’on a prise ici tout à fait au pied de la lettre, car on me montre des roues pivotant contre les murs ; or il suffit de leur faire faire un ou plusieurs tours pour remplacer la lecture laborieuse de livres incompréhensibles.

Le grand temple de Quanon tout peint en rouge se dresse en face de nous. C’est une vaste salle sombre, écrasée entre un toit immense et un perron colossal.

Beaucoup de petites niches de saints ornent l’intérieur. L’aspect général est assez effrayant. On brûle beaucoup de bougies, soit devant le dieu, soit sur des candélabres placés à la porte et où on allume les cierges offerts par les fidèles, car l’incinération d’un cierge est aussi une prière. De même que l’encens, dont nous sentons les effluves, est une offrande qui plaît aux dieux, et un grain de parfum, offert à propos, assure le résultat d’un pèlerinage.

Le sanctuaire est défendu par de lourds barreaux qui forment jubé. Les chapelles sont grillées. On dirait qu’on a mis les dieux en prison. En somme, à part le dieu des malades dont la statue s’use et s’amincit sous les attouchements, on ne voit aucune idole ; ce n’est pas qu’il en manque, mais tout est caché, tout est enfoui dans une obscurité mystique : c’est à peine si l’on aperçoit, à travers les cierges, le rideau du sanctuaire, sur lequel est vaguement indiquée la silhouette de Quanon. Du plafond pendent, comme des stalactites, d’immenses lanternes, des baldaquins à longues franges, des oriflammes couvertes d’inscriptions, et cette forêt à la renverse assombrit encore cet intérieur sacré.

Au dehors, dans les jardins, sont beaucoup d’autres temples. On nous montre le dieu du tonnerre, celui du vent ; on nous présente à Foudo-Sama, le dieu punisseur, dont la chapelle est encombrée de clients terrifiés qui prient avec ferveur, quelques-uns avec véhémence.


Au dehors, dans les jardins, sont beaucoup d’autres temples.