Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/102

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La prière se fait généralement debout et les mains jointes, quelques femmes se mettent à genoux. L’adorateur fait toujours précéder son oraison d’une offrande, un simple petit sou qu’on jette dans d’immenses tirelires grillées, placées, à cet effet, devant tous les sanctuaires : aussi on entend un bruit continuel de sous qui tombent, de gongs qui vibrent et de timbres qui sonnent.

Souvent on attache aux barreaux des grilles un bout de papier, sur lequel on a écrit le nom du fidèle et une courte prière ; c’est la carte de visite. Parfois on plante un clou contre un des poteaux, mais ce procédé est moins respectueux ; il est employé surtout par les gens qui se piquent de sorcellerie et ont la prétention de forcer le dieu à leur obéir ; le clou est une mise en demeure.

Certaines femmes exaltées et poussées par un désespoir d’amour quittent leur demeure à deux heures du matin, l’heure du bœuf ; trois bougies allumées leur servent de coiffure ; leur kimono blanc, de forme cabalistique, donne à ces femmes un aspect étrange ; sur leur poitrine resplendit un miroir métallique ; sur leur ventre, est attaché un timbre qu’elles frappent avec un maillet en forme de croix ; un poignard est caché dans leur sein.

Elles se dirigent, ainsi accoutrées, vers le temple d’Assaksa.

Leur devoir est de tuer tous les passants attardés qu’elles rencontrent sur leur chemin. D’aussi loin qu’elles les aperçoivent, elles s’élancent à leur poursuite, et les malheureux se cachent où ils peuvent, dans les ruelles, sous les ponts, dans les égouts, afin de laisser passer les dévotes de l’heure du bœuf, qui continuent leur chemin, échevelées et animées d’une fureur sacrée.

Arrivées au temple, elles font leur demande, prononcent certaines formules d’évocation et plantent un clou.

Huit nuits de suite, après avoir jeûné tout le jour, elles se livrent à