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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/103

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ces opérations de sorcelleries, et, si tout s’est bien passé suivant les règles, si elles ont la foi voulue et la conviction nécessaire, à la huitième nuit elles trouvent le sanctuaire défendu par un énorme taureau noir, qui est couché.

C’est le moment critique. Il faut qu’elles s’élancent sur l’animal, et le franchissent d’un bond ; si elles réussissent, le taureau disparaît et la demande qui a fait l’objet de la neuvaine est forcément accordée.

À Kioto, au temple de Quanon de Kiomidzou, qui est placé au-dessus d’un précipice tapissé de cerisiers à fleurs roses, le sortilège peut se compliquer d’une dernière épreuve. La dévote de l’heure du bœuf croit devoir s’élancer dans le gouffre, et, si elle est bien en règle avec tous les détails de l’opération, elle descend tranquillement dans l’espace et se trouve saine et sauve au fond de la vallée.

Inutile de dire que, généralement, ces malheureuses sorcières trouvent la mort dans cette dernière épreuve ; car, s’il est encore possible de combattre un bœuf imaginaire, il est moins aisé, malgré les cerisiers en fleurs, malgré la conviction, de faire un saut de 100 mètres et de ne pas se briser les reins.