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Suffisamment restaurés, nous partons pour Shiba en traversant rapidement toute la ville.

Shiba est un ensemble de collines escarpées et boisées. Çà et là des chapelles dorées, des temples, des couvents aux murailles de papier blanc, des tombeaux sombres, des escaliers immenses, et des rangées de lanternes monumentales en bronze et du plus grand art.

Le tout petit temple shintoïste d’Atago, — le dieu qui préserve des incendies, — que nous avons déjà aperçu de loin, est placé sur une plate-forme tout en haut d’un escalier qui n’en finit pas et qui prend la montagne à l’assaut.

On m’assure que les chevaux japonais peuvent descendre par ces marches raides ; j’en fais mon compliment aux chevaux japonais.

Quant aux dames japonaises, elles ne jouissent pas, à ce qu’il paraît, des mêmes talents, car un autre escalier plus étroit et plus doux serpente à travers les taillis ombreux, et c’est, me dit-on, l’escalier des femmes.

Sur la plate-forme, de charmantes jeunes filles, dont l’une a le profil de Marie-Antoinette, nous offrent du thé pendant que nous admirons la vue qui s’étend sur la ville et la mer.



…de charmantes jeunes filles, dont l’une a le profil de Marie-Antoinette.

Outre le temple, il y a des constructions en bois brut, les unes pour faire les prières, et les autres pour jouer les mystères ; car la comédie sacrée fait partie du culte shintoïste, absolument comme dans les rites dionysiaques.

Les autres temples de Shiba sont bouddhiques et de la secte Djioodo.

On y arrive par une porte énorme, de style chinois et entièrement peinte en rouge, sorte d’arc de triomphe à trois entrées basses, surmontées d’un toit monstrueux qui, avec ses poutres en saillie et sa couverture, constitue les deux tiers de l’édifice.

Le temple principal, construit en 1632 par Yemitsou, fut brûlé en