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Un jeune bonze, à la figure pâle, à la tête rasée, s’offre à nous les faire visiter.

Il nous introduit dans une cour où l’on vient rarement, car l’herbe a recouvert les dalles du sol. Tout autour sont des rangées de ces superbes lanternes de bronze, hautes comme deux hommes superposés.

C’est à peine si l’on voit le temple en laque d’or qui est là ; car, pour le préserver des intempéries, on l’a enveloppé d’une housse de planches brutes qui le recouvre dans tous les sens. Mais, en se glissant entre l’enveloppe et le monument, on reste émerveillé de la beauté des détails.

On connaît ces délicieuses petites boîtes de laque dorée, relevées de sculptures délicates et légèrement coloriées ; eh bien, tout le temple est de ce travail-là !

Les panneaux des murailles représentent des feuillages, des nuages et des oiseaux. Les colonnes sont fouillées comme des madrépores. Les ors sombres alternent avec les ors vifs, de tons différents, et les quelques taches de couleur qu’on a jetées sur les fleurs et sur les oiseaux ne font que relever d’accents gais un ensemble doux et harmonieux.

Le bonze nous ouvre la porte du temple et je suis d’abord frappé du peu de hauteur de l’intérieur, mais l’on m’explique que l’usage était de ne pénétrer dans cet édifice qu’en rampant ; et encore la famille seule du Taïcoun avait le droit d’entrer dans cette salle en marchant sur les genoux et sur les mains. Les grands de l’empire, les fiers daïmios, restaient à la porte également prosternés et la foule des seigneurs s’avançait à quatre pattes dans la cour.

Ce cérémonial n’avait pas lieu à cause de la statue d’Amida qui brillait au fond du sanctuaire, mais parce que le temple est consacré au deuxième Shiogoun de la dynastie de Tokougava.

Les honneurs rendus aux grands ministres dépassaient les honneurs rendus aux dieux.