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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/143

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Quant à nous, il suffit d’enlever nos bottines et nous entrons tout debout sous le plafond surbaissé et fouillé dans l’or brillant. Je fais même le tour du sanctuaire qui a un petit corridor de ceinture comme dans les temples égyptiens.

Derrière le temple, une autre cour nous dévoile des perspectives incroyables d’escaliers noirs surmontés de chapelles dorées, qui se détachent sur les futaies immenses.

Nous franchissons ce décor d’opéra et, après avoir gravi de nombreuses marches appuyées sur la montagne, nous arrivons à un étroit enclos où se trouve le tombeau de bronze du douzième Shiogoun.

Les daïmios n’avaient pas le droit de venir où nous sommes. Ceux qui avaient cent mille mesures de riz de revenu pouvaient s’approcher jusqu’à la première barrière. Matsmoto nous explique que son père aurait eu la tête tranchée s’il avait fait le pas en avant qu’il vient de faire lui-même.

Il y a six tombeaux de Shiogouns à Shiba, sept à Ouéno et deux à Nikko.



Le jeune bonze de Shiba.

Le bonze au vêtement gris nous conduit dans une autre cour où l’on voit l’emplacement du temple brûlé et la grosse cloche qui vibrait les jours de fête dans le clocher détruit ; on l’entendait de seize lieues.

Un temple a résisté à l’incendie. Son toit noir et or se détache sur la verdure de la montagne. Devant, de vastes bénitiers en pierre sont abrités sous des hangars aux poutres sculptées, peintes en blanc, rouge et vert.

Tout autour de nous des arbres plusieurs fois séculaires se dressent dans le ciel. Sur la gauche une éclaircie laisse apercevoir un vallon qui se prolonge au loin, hérissé de toits religieux.

Nous remercions le bonze et nous retournons dans la ville en tra-