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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/252

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promenades japonaises

cryptomerias. Ces clameurs, ces lumières, la vitesse de la course, l’énormité des arbres qui défilent, tout cela est étrange, impressionnant.

Ces hommes nus qui s’agitent, des flammes à la main, et dont les silhouettes sombres dansent sur les gros troncs et voltigent dans les feuillages ; cette course désespérée accompagnée de cris de possédés ; ces plantations exotiques dont l’âge se perd dans l’histoire du Japon ; l’obscurité, l’éclat, le bruit, voilà du fantastique digne d’une menée de sabbat.

Enfin, voici la ville. Mais les faubourgs n’en finissent pas, la nuit est déjà avancée, et je commence à regretter d’avoir forcé nos hommes à continuer la route. Leur marche haletante et ralentie, leurs cris essoufflés et affaiblis, leurs pieds ensanglantés, leurs yeux creusés, leurs nez amincis et leurs bouches sèches me font vraiment craindre qu’ils ne tombent épuisés de fatigue et de douleur.

Nous sommes arrivés.

Mais l’hôtel est plein ; il faut chercher ailleurs, et ces malheureux reprennent leur course à travers la ville.

Second hôtel. Pas de place.

Nous continuons à errer dans les rues désertes. Enfin, nous trouvons une maison qui veut bien nous recevoir. Il est près de minuit.

À peine sommes-nous installés qu’on introduit dans notre chambre un Japonais qui se confond en politesses. Il frappe à plusieurs reprises le sol de son front et n’avance qu’en rampant. C’est l’employé de la police, le préposé aux passeports ; il vient s’informer si nous sommes en règle.

L’interprète me paraît décidé, depuis la révolte des djinrikis, à jouer un personnage muet. Kondo s’étend sur la natte, moi aussi, et le rapport de la police se fait à quatre pattes.

Il faut pourtant souper. Mais nous n’en avons pas fini avec les indiscrets. Dans le couloir qui mène à notre appartement, je vois s’agiter à