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promenades japonaises


XXXIII

CONSÉQUENCES DE L’ÉMEUTE


lors ils se frottent les membres avec de l’eau-de-vie, se mettent du sel cuisant sur les écorchures des pieds, se chaussent de sandales neuves et, comme pendant la discussion la nuit est arrivée, chacun se munit d’une longue lanterne blanche.

Redevenus complètement gracieux, ils nous font signe que tout est prêt. Nous montons en voiture, et le cortège part en fendant la foule que tous ces incidents ont rassemblée.

Les arbres de la route qui, pendant le jour, nous paraissent immenses, prennent à la lueur de nos lanternes des dimensions invraisemblables. Le regard qu’on jette au-dessus de sa tête voit les grands troncs s’élancer dans la nuit à une hauteur vertigineuse, et ces colonnes parallèles semblent ne pas avoir de fin et plonger dans l’immensité.

Pour se donner du courage, les djinrikis poussent des cris rythmés, en se répondant les uns aux autres, comme font les bateliers du Nil. Leurs notes sonores retentissent en syncopes sous la sombre voûte des