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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/268

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promenades japonaises

Apprenant un jour que Akagni avait réuni des partisans et s’apprêtait à reprendre les armes, Oohiroumé-moutchi-no-mikoto saisit une des flèches qui ornait son sanctuaire et la lança dans la direction du sud. La flèche alla se planter dans la porte même de la chapelle d’Akagni, ce qui le dégoûta de toute espèce de tentative guerrière.

Tous les ans le miracle se renouvelle. On fait une grande procession et l’on monte au temple du dieu vainqueur ; là, le grand prêtre shintoïste lance une flèche qui va se ficher dans la porte du temple d’Akagni, à trente lieues de distance.

Les habitants d’Akagni retirent la flèche et en profitent pour faire des gâteaux et se réjouir en l’honneur des dieux toujours présents.

Ce qui prouve bien que c’est en cet endroit qu’eut lieu la guerre entre les dieux, c’est que, à Sënjoo-ga-hara, endroit situé au sud de Nikko, on trouve des quantités d’armes en pierre dont se servaient les dieux, et particulièrement des pointes de flèches en silex finement travaillées.

Parmi les nombreux prodiges dont le pays de Nikko a gardé le souvenir on peut citer l’aventure qui s’est passée dans une petite vallée située au nord-ouest, appelée Somen-dani, la vallée du macaroni et voici pourquoi.

Un des trente-six anachorètes qui habitent constamment le pays, depuis la fondation que fit Kooboo-Daïshi de trente-six ermitages, reçut un jour la visite d’un prêtre qui lui déclara avoir grand’faim et lui demanda quelque chose à manger.

L’anachorète venait justement de recevoir la provision de macaroni qui devait le nourrir pendant six mois. Rapidement, il en prépara un fort plat qu’il servit au prêtre.

Celui-ci l’avala consciencieusement, mais assura, quand il eut fini, qu’il avait encore faim.

Étonné de tant d’appétit, l’anachorète prépara un second plat qui fut