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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/284

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promenades japonaises.

de la petite mitre noire. Tous les pèlerins qui sont dans le temple se prosternent devant lui ; mais, pas plus que nous, il ne dépasse le rideau saint ; incliné devant les lourds glands de soie blanche et violette qui ornent la riche étoffe, il frappe dans ses mains deux fois et murmure une courte prière adressée à Yeyas, le dieu. C’est bien le culte augustal, tel que l’avaient imaginé les Romains ; l’empereur mort devenait dieu, on lui élevait des temples ; au Japon il suffisait d’être grand ministre, — et de mourir, — pour avoir ces honneurs. Quant au Mikado, il était dieu dès sa naissance.

Tout autour du grand temple sont de nombreuses constructions : des pavillons sacrés où des niouraïs en bois doré veillent sur les points cardinaux, de vastes réservoirs monolithes près desquels les donneuses d’eau bénite entretiennent la propreté des ténogouis pour s’essuyer les mains après les ablutions, de longues galeries en bois sculptés qui semblent supportées par des nuées où se jouent des vols d’oiseaux exécutés d’une manière ravissante, des frises représentant le zodiaque bouddhique, une porte en bois laqué reproduisant des scènes de la vie des philosophes chinois, et puis des chapelles shintoïstes, des salles de réception et un musée historique fort curieux.

On nous montre trois chapelles portatives qui servent dans les processions ; elles sont dédiées aux trois grands hommes du Japon, Yoritomo, Taïko, Yeyas.

La plupart des curiosités de Nikko datent de l’époque d’Yemitsou et l’on sent que les Hollandais qui avaient été autorisés à envoyer une ambassade jusqu’à la sainte montagne, ont contribué pour leur part à l’embellissement des temples. Sans parler des superbes chandeliers de fer forgé et des bois des Indes sculptés, je trouve un jeu de seize clochettes parfaitement accordées par demi-tons qui n’ont rien de commun avec les tonalités japonaises.