Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/58

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Mais nous n’avons pas le temps d’admirer ces merveilles. Nous laissons le massif boisé sur la droite, et nous suivons à gauche un sentier où l’on dirait qu’il fait nuit, tant les ombres épaisses projetées par les arbres plusieurs fois séculaires font opposition avec la lumière éclatante d’où nous sortons.

Le sentier aboutit à une sorte de carrefour planté d’énormes peupliers itshoo dont la feuille a la forme d’un éventail. Là, nous trouvons des djinrikis dont les jambes rapides nous entraînent au centre de la ville où nous espérons faire connaissance avec quelque restaurant, fût-il indigène.

Nos hommes entreprennent à travers les quartiers les plus populeux une de ces courses folles que connaissent seuls les cabs de Londres, les ânes du Caire et les djinrikis de Tokio.

Comme il fait très chaud et qu’il est midi, les boutiques sont généralement voilées d’étoffes sombres découpées en larges lanières verticales et agrémentées de grands caractères blancs. Quelquefois le rideau est une grande frange de rotins jaunes sur lesquels les caractères ressortent en noir.

Aux cris de nos tireurs de voitures, les promeneurs se mettent subitement à l’écart pour nous laisser passer, et, si la rue est étroite, la foule se réfugie dans les boutiques, disparaissant à moitié derrière les rideaux dont les lanières laissent entrevoir des visages étonnés, mais toujours souriants.

Enfin, nous arrivons au quartier nouveau, dans la grande rue de Guinnza, construite à peu près à l’européenne et plantée de deux maigres rangées d’arbres minuscules et poussiéreux afin d’imiter le boulevard des Italiens.

Là se trouve un restaurant français fort convenable.

Après le repas, nous reprenons nos voitures et nous enfilons la