longue rue qui se déroule indéfiniment à travers la ville, mais en perdant, à partir du pont Kioo bashi, son aspect européen.
La voie continue à la japonaise sous le nom de Nihon bashi doori ornée à droite et à gauche de boutiques bien garnies. Bronzes, livres, faïence, étoffes, jouets, antiquités, les étalages se succèdent tantôt sombres, tantôt brillants, et cette rue interminable ne cesse d’offrir aux chalands les produits les plus variés et les plus attrayants de l’industrie japonaise.
Nous nous arrêtons un moment devant les magasins de Mitsouï où se vendent les étoffes du pays, depuis le kimono de coton teint à l’indigo jusqu’aux riches foukoussas en soie brodée. Le service est fait par de petits garçons qui répondent d’une voix glapissante aux ordres qu’on leur donne ; cela fait comme un pépiement incessant de jeunes oiseaux, et les lourds barreaux de bois qui entourent l’habitation du côté des cours complètent la volière.
Nous remontons en voiture. Les djinrikis reprennent leur vol à travers la foule animée. Les boutiques défilent devant nous comme dans un rêve. On ne comprend vraiment pas qui peut acheter tant de choses.
Nous traversons encore un pont, Megané bashi, — le pont de la lunette, à cause des deux arceaux ronds qui le supportent, — et les étalages continuent à faire la haie des deux côtés de la rue.
Cette revue des boutiques finit enfin. La voie s’élargit. Devant nous se dressent de vastes escaliers qui montent et s’enfoncent dans la verdure immense. Nous sommes arrivés aux jardins sacrés d’Ouéno. Encore un endroit ravissant où Yemitzou, le Shiogoun constructeur, a laissé les traces de ces magnificences ; mais, hélas ! là, comme à Shiba, le temple principal a été brûlé, à Shiba, par l’intolérance, il y a six ans ; à Ouéno par la guerre civile, il y a dix ans.