Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/65

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Car Yemitsou avait une politique et même une politique assez raide.

Quand, à la mort de son père, il prit possession du shiogounat, il assembla les daïmios qui étaient ses égaux et leur dit :

— Messeigneurs, la place est vacante. Si quelqu’un d’entre vous a ce désir étrange d’aspirer au shiogounat, il le peut en toute liberté, mais je le préviens que je m’y opposerai par la force des armes.

À cette offre obligeante chacun s’empressa de décliner l’honneur de succéder au fils du grand Yeyas.

Un des seigneurs, pour entraîner la majorité, qui d’ailleurs n’était pas douteuse, déclara qu’il se chargeait de châtier ceux qui seraient d’un avis contraire à la motion du président de l’assemblée.

Cette manière de consulter les grands du royaume eut le succès qu’en attendait Yemitsou. Il fut élu Shiogoun.

Et, pour consacrer son autocratie, il encouragea la dévotion sous toutes ses formes, éleva des temples superbes et combla de faveurs les prêtres des sectes les plus diverses.

Lorsqu’arriva au Japon la révolution singulière qui jeta ce pays dans la voie du progrès européen, lorsque que le Mikado réclama des successeurs d’Yemitsou les pouvoirs qu’il avait usurpés, on eut la singulière idée de faire jouer au grand prêtre de Nikko et d’Ouéno un rôle contraire à son origine impériale, on le mit en opposition avec l’empereur, son parent.

Le Taïkoun Tokougava Keïki venait de faire sa soumission au Mikado. Deux cent cinquante de ses fidèles mirent à leur tête le Mia de Ouéno et se fortifièrent dans le grand temple, prêts à subir l’attaque. Les troupes impériales, pour éviter de combattre un prince du sang eurent recours à l’incendie, espérant faire fuir les rebelles de l’enceinte sacrée, les combattre facilement et s’emparer du prince.

Mais tous échappèrent avec beaucoup d’adresse et se retirèrent sous