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la conduite du Mia dans la province de Moutsou où ils subirent un siège dans le château d’Aïzou.

Les uns furent tués, les autres se rendirent, le prince fut pris sain et sauf. Deux ans après, on l’envoyait à Berlin faire ses études militaires.

Il n’avait que vingt et un ans.

Voilà pourquoi nous ne voyons que l’emplacement où fut le temple.

On a construit un monument funéraire élevé avec l’autorisation du gouvernement à la mémoire des rebelles tués.

C’est un trait caractéristique du Japonais d’honorer le dévouement aux princes, même chez des ennemis, et ceux qui ont combattu l’empereur pour obéir à leurs chefs sont donnés en exemple par l’empereur lui-même.

Sur la droite, des maisons de thé, placées au bord du glacis verdoyant, dominent des jardins particuliers et laissent la vue s’étendre sur la ville jusqu’à la mer.

Des avenues larges et gazonnées donnent des perspectives infinies à travers les futaies immenses et touffues. Des groupes de Japonais se reposent à l’ombre ; pour obtenir plus de fraîcheur, les légers vêtements ont été mis de côté et donnent sur la verdure où ils sont étendus des notes vives, blanches et bleues. Les vers des Géorgiques vous reviennent en mémoire, l’idylle est prise sur le fait, et l’on se croirait transporté dans quelque Tibur gigantesque, à la végétation invraisemblable.


Des avenues larges et gazonnées donnent des perspectives infinies
à travers les futaies immenses et touffues.

Au détour du chemin, des murailles de temple bordées de plusieurs rangs de lanternes de pierre nous rappellent que nous sommes dans un parc bouddhique, un lucus oriental.

La muraille, couverte de mousse, s’étend au loin ornée, çà et là, de groupes de toros en pierres, lanternes sacrées offertes par les daïmios.