Page:Guinard - Auguste et Noemi.djvu/34

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m’aimer et pleurer avec moi sans me connaître. Cependant je ne me serais jamais déterminée à publier ce qu’il y a de plus intime dans mon âme, sans un motif plus puissant encore ; vendre mes larmes m’eût paru une profanation, si ce n’eût été pour en essuyer d’autres.

Les malheurs immenses causés récemment par les inondations du Midi m’ont vivement émue ; j’ai cherché autour de moi ce que j’avais, l’obole que je pourrais apporter pour contribuer à les réparer, et je me suis rappelé les paroles de l’Apôtre au malade qui l’implorait : « Je n’ai point d’or, mais ce que j’ai je vous le donne. » J’ai donc recueilli dans mes poésies, poésies toutes simples et naïves, celles qui se rapportaient aux deux enfants que je pleure, et j’ai pensé que je ne pouvais mieux faire que de placer une bonne œuvre sous l’invocation de deux anges. Si j’opère quelque bien, cela les réjouira là-haut et m’aidera à me consoler ici-bas : voilà pourquoi ce livre porte leurs noms, et raconte aux mères mes joies fugitives, mes flatteuses espérances, mes mortelles inquiétudes, mes douloureuses angoisses, et enfin mes regrets éternels. Puissent ceux qui me liront donner aux malheureux privés d’asile leur aumône de charité, et me donner à moi, pauvre mère, une aumône de prière et de lar-