Page:Guinard - Auguste et Noemi.djvu/35

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mes ! Je n’ai pas d’autre but ; ce n’est point un succès littéraire que j’ambitionne, c’est une œuvre pieuse que j’accomplis.

Je publie donc cette histoire de mon cœur sans rien changer à l’ordre des dates ; je donne ces vers tels qu’ils m’ont été inspirés, sans tenter de les rendre plus dignes des regards du public. Je n’ai guères d’autre public que mes amis, et ceux-là sont indulgents, et savent qu’il y a pour moi dans chacun de ces vers quelque chose de sacré comme le souvenir qu’ils me rappellent.

Simple et obscure mère de famille, je ne suis pas un auteur, je n’ai aucune idée de ce qu’on appelle l’art. J’ai chanté ou gémi pour soulager mon âme, quand elle débordait de joie ou de larmes ; mes vers sont des prières, des hymnes, ou des cris de douleur ; tout y est vrai, trop vrai, hélas ! Je n’ai jamais rien exprimé sans l’avoir senti bien plus encore ; loin d’exagérer mes émotions, mes chants n’en révèlent que la plus faible part ; je n’ai jamais écrit que le cœur palpitant, ou les yeux gonflés de pleurs. Ces poésies ont le défaut de tous les vers intimes, j’y parle toujours de moi ; mais ce que j’exprime m’est commun avec tous ceux qui ont une famille ; ceux-là me comprendront et s’uniront à mes joies et à mes chagrins.