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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/21

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LA VEILLÉE

et ce n’est pas d’hier que je suis au monde, mais les bruits qui courent sur…

— Chut ! fit ma mère, ne le fâchez pas, Mathurine !

— Suffit ! je n’en dirai pas davantage. Pourtant, il y a des gens qui font leur saint N’y-Tou…

Un coup d’œil de ma mère l’arréta.

Le père Lascience sembla n’avoir rien entendu. Il est vrai que dans certaines occasions, on remarquait qu’il était un peu sourd, mais comme l’ouïe redevenait extrêmement fine en cas de besoin, personne ne considérait cela comme une infirmité.

Un profond silence régna un instant, le souffle des bœufs et le bourdonnement des rouets seuls se distinguaient dans l’étable,

— Tenez ! mère Mathurine, S’écria mon parrain, c’est malheureux ! nous ne nous entendrons jamais. Si les vieux enseignent des menteries aux jeunes, comment ça finira-t-il ? Vous ! une ancienne, vous leur contez des histoires de l’autre monde ! et des fées par-ci, et des apparitions par là, et des fantômes par l’autre… Vous leur tournez la cervelle à l’envers pour rien ! Vous en feriez — révérence parler — des sots et des idiots ! C’est comme je vous le dis ! Vous avez beau hocher la tête… Ne vaudrait-il pas mieux, en conscience, leur apprendre à se bien conduire dans la vie… leur faire mettre le doigt sur la vérité !

— C’est bon ! c’est bon ! vous… Si n’étant