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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/33

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CHAPITRE III.

Le père Lascience met la morale en action.

Mon parrain entra chez nous dans le courant de la journée, s’assit au coin du feu, rapprocha les tisons d’un air préoccupé, mit ses coudes sur ses genoux, son menton dans ses mains et parut réfléchir profondément.

Mon père travaillait au dehors, ma mère allait et venait dans la maison selon son habitude.

— Ça fait trente ! dit-il, en se parlant à lui-même, il a son compte ! Quatre par nuit, c’est gentil ! Si cela continue longtemps, qu’est-ce que je donnerai à mes bêtes ? Du si beau foin ! on en mangerait, en vérité, tout humain qu’on est ! C’est Thomas, bien sûr… le malheureux, que j’ai nourri de mon pain… Tu me le paieras mon foin, voleur. Ah ! ah ! ah ! cria-t-il tout à coup sous l’impression d’une idée subite, ce serait drôle ! Non l’ami, tu ne le paieras pas : tu le rapporteras dans la grange, mon gaillard ; de ta propre main, mon garçon.

Quelle bonne idée ! Je vais t’en faire moi, de la