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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/35

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LE PÈRE LASCIENCE

vis mon parrain qui s’assit un instant sur le banc placé extérieurement près d’une fenêtre.

— Père tout-puissant ! s’exclama Mathurine, qui nous crut déjà loin, comment pouvez-vous laisser aller votre petit gars qui est si gentil avec un homme pareil ?

— Il ne lui fait que du bien, Mathurine, pourquoi l’en empécherai-je ? Je sais bien ce que vous voulez dire, mais mon homme assure que ce sont des méchancetés. Sans doute, il est plus malin et plus fûté que pas un de la commune, ce n’est pas une raison…

— Pauvre Marie-Jeanne ! comment pouvez-vous défendre ce… dites-moi un peu, qu’est-ce qui fait manquer les récoltes ? qui attire les orages, fait verser les blés ? Qu’est-ce qui donne un regard aux bêtes pour les rendre malades ? qui fait tarir les fontaines, dites ? dites ?

— Je ne sais pas, ce n’est pas mon affaire de raisonner là-dessus.

— C’est lui ! ma chère, lui… entendez-vous ? Vous voulez donc qu’il emmène votre petit au sabbat ? qu’il lui apprenne des mots à faire rentrer des rochers sous terre, à jeter des sorts, à se morphoser en toute sorte de bétail, comme qui dirait en gare-loup ?

— Le petit revient toujours de chez lui plus raisonnable et plus travailleur, Mathurine, et d’abord, Joseph, mon homme dit…

— Eh bien ! vous croyez que c’est naturel pour un enfant ? Il est trop sage votre petit, ça laisse à penser…