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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/36

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LE NUMÉRO TREIZE

— Je ne peux pourtant pas m’en plaindre, Mathurine !

— Enfin ! quand on ne veut pas voir clair, on a beau vous mettre les points sur les i… Je vous le prédis, ça finira mal… Tenez ! je vais vous parler franc… vous savez bien son bouc ?

— Oui.

— Eh bien ! je vous le dis de confiance, n’en parlez pas !

— Non.

— Et bien, ma chère, il vous regarde avec des yeux, mais des yeux… je ne vous en dis pas davantage…

— Mais, Mathurine, qu’est-ce que ça prouve ?

— Ce que ça prouve, Bonté divine ! Ça prouve tout, malheureuse ! Un bouc qui… Est-ce qu’on a jamais vu ça ? un bouc… un bouc qui regarde le monde d’un air pareil ! Il ne l’a pas toujours été, boue ! Non ! par ma foi ! il ne l’a pas toujours été.

— Je ne veux vous contrarier, voisine ; mais le père Lascience aime tant mon garçon que je ne me tourmente pas.

— Hélas ! voilà comme on est aujourd’hui, les gens d’expérience, on s’en rit. Ah ! Marie-Jeanne, vous verrez… Votre petit…

— Filons ! l’ami, me dit gaiement le parrain. Je ne lui en veux pas à la pauvre femme ; mais, s’est égal, c’est trop fort ! Ah bien ! je vais leur en donner une représentation gratis à cause de mon foin. Les gens d’ici, on n’a qu’à les prendre par les sentiments… Coquin ! le jour il mange