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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/37

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LE PÈRE LASCIENCE

mon pain et la nuit il vole mon foin… Bon ! bon ! Mes prêcheries ne leur servent de rien, il faut agir — nous agirons. En avant, fillot, nous allons préparer le costume.

Et d’abord, fermons la porte, nous n’y sommes pour personne, comme on dit à la ville. Je vais t’apprendre, garçon, ce qu’un sorcier comme moi sait faire.

Pour la première fois de ma vie, je ressentis une certaine crainte auprès du parrain : les paroles de la vieille Mathurine me revenaient sans cesse à la mémoire.

Il s’aperçut de mon émotion et me dit avec un éclat de rire :

— Allons ! est-ce que tu vas croire aussi que… C’est trop fort ! Je l’ai dit cent fois qu’il n’y avait ni sorciers, ni gare-loups, ni follets, ni âme en peine qui rode le soir dans les cimetières. Va ! si jamais tu entrevois un revenant, tu peux lui chanter au nez ce refrain d’une chanson dont je n’ai jamais su les couplets :

Mais quel était ce revenant ?
Un bon vivant, un bon vivant !

Sur ce, travaillons.

Premièrement, la tête.

Il prit une citrouille et se mit à creuser.

Si tu me disais, garçon, que c’est une tête sans cervelle, je ne te démentirais pas, vrai ! J’en enlève tant que je peux. Ce sera moins lourd.

Je regardais avec attention, cherchant à deviner le projet du parrain.