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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/16

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comme notre chat qui veut souper avec notre viande.

Il y avait l’autre jour le petit à la Lucie, qui était caporal dans la mobile, il faisait la lecture dans un journal, voilà que le journal disait : « Paysans ! paysans ! Vous avez toujours été notre appui, nous comptons sur vous pour l’avenir… » Et puis, un tas de choses… vrai ! j’aurais quasiment pleuré ; c’était tout miel et tout sucre.

— Pardi ! on ne prend pas les mouches avec du vinaigre, interrompit le grand Matthieu.

— Laisse-moi donc conter, grand Matthieu ! tu as une langue ! il n’y en a que pour toi, quasiment… Pour lors, voilà le petit à la Lucie, qui était donc caporal dans la mobile… il lit ça. Bon. Et puis le voilà qui cogne un grand coup de poing sur la table : « Nom d’un nom ! ils n’ont donc pas fini leurs menteries, ces brigands-là ! On leur en souhaite des bons paysans pour payer les pots cassés avec leurs os et leurs épargnes, vingt-cinq noms d’un nom ! »

Il en sait long, allez, monsieur, le petit à la Lucie, qui était donc… suffit ! Pour sûr, il aurait été maître d’école, s’il l’avait voulu ; mais il dit qu’il aime mieux gratter la terre avec ses ongles et dire ce qu’il pense carrément. Les jeunesses, vous savez, ça vous prend des idées quand ça a passé par les armes… Comme dit M. Filencourt, ça n’est pas soumis. Paraîtrait que c’est la religion qui manque, monsieur, et que si nous avions