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les hurons-iroquois

Ils campent et se mettent à poursuivre les élans. Les Algonquins, chacun suivi de son disciple iroquois, manquent tous leurs coups, et cela dure deux jours. Alors, les aspirants chasseurs qui ont vu la manière d’approcher l’orignal, demandent à opérer séparément : défi à peine voilé qui rencontre le dédain. Ils partent quand même et font bonne chasse. Aussitôt le dédain des jeunes précepteurs se change en dépit et l’aventure se termine dans le sang de six Iroquois lâchement massacrés.

Cette tradition s’accorde avec les faits : on ne voit pas, chaque automne, les Iroquois émigrer par familles vers une région giboyeuse, comme le pratiquent les Algonquins ; ils se contentent d’envoyer un parti de chasseurs y passer l’hiver. C’est dire qu’ils ont des foyers stables et jouissent d’un commencement de civilisation.

Le printemps, au milieu de vastes champs nus ; l’automne, au sein d’une mer dont les ondulations courent sur les aigrettes dorées du maïs, le bourg huron-iroquois se dresse solitaire sur sa colline, auprès de son lac, de sa source ou de son ruisseau. Il aime à se mirer dans une onde quelconque, mais sans coquetterie, ayant plutôt l’air pauvre et monotone, avec sa triple enceinte de pieux fichés en terre, pieux coupés à la hache de pierre ou au feu, menaçant le ciel de leurs pointes charbonnées, et laissant se balancer au vent leurs écorces pendantes.