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en mocassins

Des galeries intérieures chargées, en temps de guerre, de projectiles et de vases remplis d’eau, servent de hourds et complètent la défense.

Ainsi protégées, les cabanes, au nombre de cinquante à cent, s’élèvent sans ordre, selon le caprice des goûts et du terrain. Basses, étroites, mais très longues, elles peuvent loger chacune jusqu’à sept feux et autant de familles, se terminent à chaque bout par un porche protecteur et ont souvent des greniers.

« Les cabanes qu’on a saccagées et brûlées étaient bien bâties et magnifiquement ornées », écrit-on de Québec en 1666, à propos de l’expédition contre les Agniers ; « jamais on ne l’eut cru. Elles étaient garnies d’outils de menuiserie et d’autres, dont ils se servaient pour la décoration de leurs cabanes et de leurs meubles. »[1]

Sur les plus hauts terrains du village, s’élèvent des tourelles ajourées où l’on engrange les tresses de maïs. L’égrenage se fait l’hiver, autour du feu ; la torréfaction, sous la cendre rouge ; et le broyage, dans un mortier, simple bûche creusée à la pierre brûlante et dont le pilon est de bois ou de cailloux. On passe la farine dans un grossier tamis fait de fines branches d’arbres, puis, on la jette dans la chaudière ou la vide, crue, dans la sacoche du guerrier.

  1. M. M. de l’Incarn. : « Lettres », 12 nov. 1666.