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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/164

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en mocassins

court, éperdu, à ses oiseaux, les détache, s’enlace dans ses cordages, crie à plein gosier, secoue les rênes et détale.

Sous un parachute d’ailes immobiles, le voici qui descend en décrivant d’immenses spirales ; mais en vain ses yeux cherchent sa céleste épouse déjà disparue parmi les nuages.

***

Retournons à la mer. Sur l’eau calme, la Mère des tortues se laisse flotter au soleil, et son œil rond, comme perdu dans le vague des espaces célestes, semble exprimer le rêve antique et ténébreux de l’océan. À l’instar des aigles, elle fixe sans fatigue les hauteurs éblouissantes. Là, au fond du bleu intense, de petits chapelets lumineux, visibles encore pour elle seule, brillent par intervalles. Elle en voit trois qui voisinent comme les courants d’un triple collier, et deux autres minuscules et mobiles de chaque côté des premiers. À force de les fixer, elle finit par distinguer une silhouette plus sombre que le ciel, encore un peu vague, qui les accompagne, s’agite, descend et se trouve à chaque instant cachée par des nuages.

La Grande Tortue, ancêtre par lequel pense l’esprit de sa race, cherche à deviner ce qu’elle aperçoit, épie le moment où cela reparaîtra entre deux nuages, et chaque fois le revoit plus près et plus distinctement. « C’est un être vivant, pense-t-elle, car cela