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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/165

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le paradis perdu

s’agite ; mais sûrement, ce n’est pas un oiseau. Ne dirait-on pas des bras et des pieds humains ?… Ne dirait-on pas de longs cheveux flottants ?… Dans toutes les positions que prend l’être mystérieux, son profil ne révèle-t-il pas toujours une forme humaine ? Le voici tête bêche… puis couché… puis debout, tenant d’une main une espèce de manteau qui lui sert de parachute. »

Elle remarque tout cela, la fine tête penchée sur la carapace patriarcale, et voici que, subitement, une certitude s’établit dans son cerveau. Il lui est impossible de douter, elle qui connaît le secret du Paradis. Elle aurait même dû y penser plus tôt. Inutile de chercher et de conjecturer : c’est la femme céleste qui tombe. « Il faut la sauver ! » s’écrie-t-elle à l’instant. Son sentiment spontané ne se démentira pas, et de sa voix la plus forte elle appelle incontinent tous les animaux. Les premiers arrivés sont, comme de juste, les ancêtres qu’animent les esprits gardiens de leurs espèces.

Leur dire ce qu’elle voit et ce dont elle est convaincue ; leur enjoindre de faire l’impossible pour empêcher la femme de se noyer, leur proposer de construire une île dont sa propre carapace sera le noyau et sur laquelle pourra choir, sans se tuer, l’illustre rejet du ciel, voilà ce que fait rapidement la bête héroïque ; « car, ajoute-t-elle, un seul instant perdu pourrait avoir une conséquence fatale ».