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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/19

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les hurons-iroquois

en conserve dans l’écorce de bouleau, fabriquent de petites trappes à prendre les martres, alimentent le foyer de bois sec, et surtout n’oublient jamais de se huiler et de se matacher.[1]

Mais les filles en âge et les femmes, à peine aidées par de jeunes garçons et quelques vieillards soucieux de n’être pas à charge, manient le hoyau, récoltent le maïs, les melons d’eau et les citrouilles, entaillent les érables et ne sont jamais inactives. Tour à tour filandières, potiers, couturières et même brodeuses, elles fabriquent des colliers de porteur des nâganes, des vases d’écorce, des paniers et des terrines ; elles assouplissent et fortifient à la lessive, la fibre d’ortie, le liber du tilleul, et celui du peuplier cotonier, et les filent en les roulant entre le genou et la paume de la main. Avec de la peau mince, passée blanche ou jaune pâle, elles confectionnent tuniques, mitasses et mocassins. À la graine de tournesol, elles demandent son huile ; à la terre et à certaines plantes, les couleurs ; et trouvent encore du temps pour fabriquer des matachias, et même pour peinturlurer leurs frères ou leurs maris.

Ce n’est pas tout : on vient souvent les avertir de quitter, pour aller au conseil, leurs pioches et leurs marmots.

C’est à cause d’elles surtout que leur nation l’em-

  1. Mot algonquin francisé, qui veut dire orner, d’où matachias pour désigner toutes sortes d’ornements.