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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/205

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en mocassins

légèrement jeté sur les reflets sombres du sous-bois.

Elle reluit, en s’éloignant, à travers les rameaux ; disparaît sous un fourré, et, un peu plus loin, se repose en plein soleil, étendue sous une nappe de nénuphars entourée de hautes herbes.

Des feuilles jaunies, exilées de leurs branches, s’en vont à la dérive, se poursuivent, s’attendent, en tournoyant, sur des miroirs liquides, ou s’arrêtent à l’entrée de petites cavernes creusées par le courant sous les racines des arbres.

En face de ce jolie paysage, la mère, patiente, attend et scrute des yeux les hautes herbes qu’elle voit remuer près de l’étang.

Voici, émergeant des blanches fleurs de pigamon, la tête de Lilino. Deux brins de liseron tordus ensemble et retenant des grappes rouges vif de sureau, la couronnent. La jeune fille sort des herbes, parée d’un beau collier de clématite fleurie, ceinturée de lycopodes géants dont les ramifications flottent sur sa robe de chevreuil couleur feuille-morte et lui descendent jusqu’aux pieds. Hâtivement ; elle remonte la côte et se laisse choir sous un large pin.

Grande est l’anxiété de sa mère dont le regard l’épie à travers les ifs ; mais la figure de Lilino n’exprime que l’innocent plaisir d’une enfant habituée à s’amuser seule. Amusée, elle l’est dans le moment par de ces petits oiseaux qu’on nomme troglodytes et