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les hurons-iroquois

pendance individuelle, n’aurait pu réussir sans la culture de l’éloquence.

Cet art congénial à la liberté qu’il est destiné à régir, fut toujours du reste la cheville ouvrière du gouvernement chez les Hurons-Iroquois. C’est ce qu’affirme Sagard, en parlant des Hurons : « Les chefs…, dit-il, conduisent le peuple plutôt par prière, exhortations et remontrances, qu’ils savent dextrement et rhétoriquement agencer, que par rigueur et commandement. C’est pourquoi ils y exercent leurs enfants, car qui harangue le mieux est le mieux obéï »[1]

Une culture commencée de bonne heure est d’ordinaire fructueuse ; aussi ne faut-il pas trop s’étonner d’entendre le P. Bressani nous dire : « Quand ils ont étudié un sujet, ils le traitent aussi bien que les Européens les plus habiles…, leurs harangues…, en passant dans une autre langue, ont perdu une partie de l’énergie qu’elles avaient dans la leur… Dans les affaires importantes, ils nous ont souvent entraînés de leur côté, et nous ont fait changer de résolution. »[2]

On pourrait se montrer sceptique, si les missionnaires ne nous avaient pas conservé des extraits de leurs chefs-d’œuvre. Voyons en effet :

Un jeune Français, compagnon des pères, a été

  1. « Histoire du Canada », p. 419.
  2. « Relation de Bressani », trad. franç., p. 78.