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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/34

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les hurons-iroquois

not et retourne à Québec. Mon esprit n’aurait pas été en repos ; j’aurais toujours pensé et repensé en moi-même : ne s’est-il pas perdu ? Vraiment, je n’aurais pas eu d’esprit si j’eusse agi de la sorte. Celui que vous avez renvoyé seul a eu toutes les peines dans son voyage. »

En même temps, sa merveilleuse pantomime fait passer sous les yeux de l’auditoire cet ex-prisonnier, voyageur solitaire à travers mille périls sur les rivières et dans l’immensité des bois. Il imite toutes les actions du malheureux pendant ce long trajet de misère : il ne parlerait pas qu’on comprendrait encore, tant le rôle est bien joué. Voyez-le, tenant un bâton sur sa tête, aller plusieurs fois et péniblement d’un bout à l’autre de la place. Comme il plie sous le fardeau et comme on reconnaît avec compassion, le pauvre captif renvoyé seul et faisant, à chaque rapide, plusieurs fois le même chemin, afin de transporter son canot et son bagage d’eau calme en eau calme ; il fait maints détours à travers la forêt, heurte du pied roches et racines, trébuche, glisse dans la boue, tombe, se relève essoufflé. Le voici maintenant qui entreprend de naviguer à travers un courant moins fort : il rame d’un côté, de l’autre comme pour redresser son canot dandinant sur la crête des vagues, dans les roses d’eau, entre des pierres dangereuses ; il halète, s’épuise. Hélas ! le courant l’entraîne ; il perd courage. Non ! il se