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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/35

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en mocassins

ressaisit ; il avance au prix d’efforts désespérés.

Puis Tiotsaeton, fort de l’effet produit par une aussi vive peinture, reproche aux Français leur peu d’égard envers cet Iroquois : ils ne l’ont aidé, ni dans les sauts, ni dans les bois ; ils ne lui ont pas même fait l’honneur ou donné la maigre consolation de l’accompagner quelques temps du regard : au lieu que lui, délégué iroquois, il a marché devant Couture en lui disant : « Allons, mon neveu, suis-moi, je veux te reconduire en ton pays, au péril même de ma vie ».

Il va montrer maintenant combien la paix était difficile : « J’ai passé, dit-il, près du lieu les Algonquins nous ont massacrés ce printemps… J’ai détourné les yeux pour ne pas exciter mon courroux. »

Ici, l’orateur frappe le sol, se penche, feint d’écouter et continue : « J’ai entendu les voix de mes ancêtres massacrés par les Algonquins ; elles m’ont crié : Mon petit-fils, mon petit-fils… n’entre point en fureur, ne songe pas à nous, il n’y a plus moyen de nous arracher à la mort. Pense aux vivants, empêche le glaive et le feu de les faire venir où nous sommes. Un vivant vaut mieux que plusieurs morts. J’ai suivi leur conseil, j’ai passé outre et suis venu jusqu’ici afin de délivrer ceux que vous tenez captifs. »

Enfin, l’éloquent sachem qui, pour la circonstance, se nomme lui-même la « bouche de son peuple », ex-