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les hurons-iroquois

prime et rend pour ainsi dire visible à tous les yeux son désir de la paix. On dirait que, de ses propres mains, il nettoie la rivière et en chasse les canots ennemis, il fait mille gestes pour dompter les vagues et les calmer depuis Québec jusqu’aux lacs où se mirent là-bas, par delà les Alleghanys, les villages iroquois ; il aplanit les chutes, ralentit les courants, apaise les bouillons perfides ; il rend les lacs unis comme une glace, endort les vents et les tempêtes.

Voici les eaux rendues favorables aux relations, mais une partie du chemin se fait par terre : il faut le frayer.

Aussitôt l’orateur se met à abattre les arbres, à couper les branches ou à les écarter, à combler les lieux profonds. « Voilà, dit-il, tout le chemin net et uni. » En effet, il se penche et assure l’auditoire que ses yeux le voient sans pierres ni bois ni obstacles, de niveau : on voit de Québec les fumées d’Onnondaga. Cela va rester toujours ainsi, et Tiotsaeton, prenant bras dessus, bras dessous, un Français d’un côté et de l’autre un Algonquin, il s’écrie que la foudre tombant du ciel ne pourrait pas même les séparer. Et j’en passe.

« Tous conviennent, » dit la Mère Marie de l’Incarnation, « que ce sauvage était fort éloquent. »

Ces extraits ont peut-être perdu la moitié de leur saveur ; cette mimique, il faudrait la voir pour en